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Vieillir avec son chien: une histoire d’amour qui change de rythme

Ces derniers mois, ma chienne Java me rappelle chaque jour que le temps passe. Ses pas sont plus lents, elle peine à se relever, son regard est de plus en plus fatigué… et pourtant, son envie d’être à mes côtés est intact. Vieillir avec son chien, c’est accepter ces changements et faire face à une nouvelle réalité qui nous bouleverse autant qu’elle nous rapproche.

Avec Cloé, ma première chienne, j’ai vu peu à peu apparaître les signes de l’âge: le masque blanc sur son museau, la démarche plus raide, l’arthrose, les petites fatigues du quotidien…

A vrai dire, à cette époque, je crois que j’étais dans une forme de déni. Bien sûr, je voyait que ça changeait… Je voyais que ma chienne était moins vive, plus fatiguée, mais je refusais de l’admettre. C’est comme si fermer les yeux, refuser de voir, allait simplement arrêter le temps.

Je dois avouer que je ne me suis jamais préparer à son départ, ni même à la vie sans elle. Alors peut-on vraiment être prêt? Je ne pense pas, mais tout du moins on peut accepter l’idée, amorcer un cheminement intérieur pour se préparer à l’inévitable.

Avec Java c’est différent. J’ai déjà vécu cette expérience une première fois. Aujourd’hui je peut dire que je regarde les choses avec plus de lucidité, mais une lucidité douloureuse.

Je vois son corps qui fatigue, ou ce qu’elle ne peut plus faire, et j’essaie d’adapter son quotidien au maximum pour lui offrir la meilleure qualité de vie possible. Mais ce qui reste indéniable c’est que le temps passe, ce temps qui file et contre lequel je ne peux rien.

Je suis en constante montagne russe émotionnelle, parce que vivre avec un chien vieillissant c’est vivre dans un entre deux. C’est parfois lire dans son regard et sa posture comme un sorte de « j’en peux plus », et puis l’instant d’après c’est l’étincelle, la joie de vivre, l’envie de partager un moment ensemble

Avec Java, tout est question d’équilibre. Depuis son diagnostic d’hypothyroïdie, son quotidien est rythmé par son traitement matin et soir. C’est devenu un réflexe, presqu’un rituel, comme une façon de prendre soin d’elle chaque jour.

Mais il y a aussi l’arthrose qui s’installe de plus en plus. Et là encore ce sont des petites habitudes qui changent. Aujourd’hui, son corps ne lui permet plus de sauter seule dans le coffre, alors elle pose ses pattes à l’arrière et nous l’aidons pour le reste. Ce geste est devenu une nouvelle routine, un réflexe supplémentaire, un geste du quotidien.

Nos vacances de cet été m’ont aussi montré que certaines choses changent. La voiture est devenue difficile, le longs trajets fatiguant… Alors on s’adapte: moins de déplacements, peut-être moins de vacances, mais toujours le même objectif continuer de profiter de notre Java.

Les sorties aussi évoluent. Fini les longues balades, place à des plus petites promenades plus adaptées à son nouveau rythme. Je ne veux pas la mettre « sous cloche », alors j’adapte du mieux que je peux

Et puis, il y a l’accompagnement médical: un doute, une fatigue inhabituelle, une inquiétude et toujours cette même angoisse lorsque je vais voir mon vétérinaire

Je ne vois pas ses ajustements comme une contrainte. Pour moi, cela fait partie de l’histoire que l’on écrit ensemble. Après toutes ses belles années passées ensembles, tous ses merveilleux souvenirs, aujourd’hui c’est à moi de l’accompagner dans ce nouveau quotidien. Souvent je me sens impuissante, parfois complètement folle mais dans ce tourbillon émotionnel il reste ces petits bonheurs simples du quotidien: sa tête posé sur moi, un câlin volé, un regard…

Avec un chien qui vieillit, les journées ne se ressemblent pas.

Il y a des jours où Java a encore cette petite énergie qui me rassure, où je la sens bien et où, du coup, moi aussi je me sens bien. Et puis il y a d’autres jours où elle paraît plus fatiguée, et là, je me sens emportée avec elle, pleine de doutes et de questions

En vérité c’est les montagnes russes émotionnelles. J’essaie tant bien que mal d’accepter que les choses changent, de vivre au jour le jour et de profiter des instants où elle va bien.

Ce qui est le plus difficile, c’est d’en parler. Souvent, je me sens incomprise, comme si mes émotions étaient minimisées. Pourtant, l’état de Java a un impact direct sur le mien. Je n’attend pas qu’on me dise « ça va aller », mais juste que l’on accueil mes émotions telles quelles sont et telles que je les ressent.

Chaque jour, je prend encore plus conscience du temp qui passe et du besoin de savourer chaque instant avec Java. Je ressens ce besoin de me créer des souvenirs, comme lors du salon animalier où j’ai voulu faire des photos avec elle, presque pour figer tout ce que nous avons partagé.

Quand j’ai découvert les clichés, les larmes m’ont envahie. A ce moment là c’est tout un tas d’émotions qui m’ont traversée, que je ne saurais décrire. C’était tellement important pour moi, comme si chaque photo venait mettre en lumière notre histoire et tout l’amour que l’on se porte.

Régulièrement, nous allons en balade, à son rythme. Ce n’est pas la durée qui compte, mais juste de passer un moment ensemble. Je prend aussi soin d’elle différemment: je me suis mise en quête de la toiletter, d’enlever toutes ses bourres de poils. Pourquoi? Je ne saurais le dire un besoin en moi

Ce qui est fou, c’est que Java aussi ressent ce besoin. C’est comme si, ensemble, on s’était créé une petite bulle contre ce temps qui passe.

Je ne sais pas combien de temps il nous reste, mais je sais que chaque regard, chaque balade, chaque photo compte. Ce chemin avec Java me rappelle une chose essentielle: nos chiens nous apprennent la valeur de l’instant présent

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